Pourquoi je vous chante en anglais ?

« Car j’aimerais que vous vous intéressiez plutôt à ce que je suis qu’à ce que je dis ! »

Ce matin je me suis réveillé avec cette phrase dans la tête, piste de réponse à la sempiternelle question « mais pourquoi chantes-tu en Anglais ?« …

Oui en effet je vous ai demandé votre avis, tel un Jukebox qui ne saurait quel morceau vous proposer. 38 d’entre vous votants pour la langue de Molière, face à 9 résistants qui soutiennent celle de Shakespeare. Mais ce qui m’a interpellé ce sont les réponses « Fais surtout ce qu’il te plaît ! »

« Bonjour »

La musique telle que je la conçois n’est pas un simple vecteur du Sens, elle n’est pas là seulement pour servir des paroles qui voudraient dire quelque chose. Bien que mes paroles ont un sens, je vous rassure, j’essaie avant tout de les rendre belles, musicalement, en chantant, pour toucher vos émotions. La musique est déjà en soi un langage à part entière.

Il me semble aussi que je le mets en avant : mes chansons ne sont au fond qu’une invitation à se rencontrer, à partager, et à se découvrir. Si j’apprécie tant les concerts à la maison, les prestations acoustiques en médiathèques, les interventions scolaires etc… c’est avant tout car ce sont des opportunités pour aller plus loin qu’une simple « consommation culturelle » et passer du temps à se parler pour se connaître un peu.

Je vois déjà votre air grognon derrière l’écran à vous dire « Mais si tu chantais en français ça donnerai encore plus envie de te rencontrer… ». Il n’y a que vous qui pouvez répondre à cela, mais d’expérience je ne suis pas si sûr que cela s’avère. C’est plus une question d’attitude que de contenu. Posez-vous cette question : combien de fois après une première écoute à un concert ou à la radio vous êtes-vous dit « Ah ouais ce qu’il a dit dans sa chanson ça m’a quand même beaucoup touché. » ?
Qui plus est pour ma part, sauf dans de rares occasion d’inspiration incontrôlée, écrire en français est réellement pénible pour moi alors qu’en anglais mon écriture est plus intuitive. Enfin, d’autres artistes francophones parviennent magnifiquement à mettre des mots sur ce que je ressens alors pourquoi chercher à en rajouter ? Je vous conseille à ce sujet Ben Mazué, Volo, Zazie, entre autres…

Quel est le rôle de la musique, de l’art en général probablement, si ce n’est celui de nous emmener ailleurs, nous faire voyager, nous évader, nous chambouler aussi, touchés dans nos émotions qui font notre Humanité ? Les sciences s’appliquent à toucher la raison et le sens des choses. Et d’autres s’appliquent à toucher notre porte-monnaie ou nos bulletins de vote, je leur laisse ma place.

Voilà ma position, j’essaie de vous proposer quelque chose de différent dans lequel je mets tout mon cœur à l’ouvrage.

Un peu de Pourquoi ?
Pour vous parler un peu de moi, mes premiers pas dans la musique ont été en tant que batteur dans un groupe de rock/métal avant de me lancer dans l’écriture de chansons puis d’apprendre la guitare et le chant par moi-même. À cette époque, lycéen plein d’énergie et d’entrain, la musique était un exutoire à émotions. Plutôt que de partager ma création je vous l’envoyai en pleine face car je ne savais pas vraiment comment faire autrement. Par la suite je me suis orienté vers quelque chose de plus positif par les rencontres et les découvertes que j’ai faites autour de moi, ce qui m’a amené à une harmonie intérieure, le sentiment d’avoir exactement tout ce dont j’avais besoin à un moment donné. C’est principalement cet état d’Être que je veux partager, et il ne peut naître que de rencontres, de confrontations à des visions différentes de la vie. C’est à contre-courant de ce que je ressens comme étant un état d’acceptation un peu résigné des choses, du quotidien un peu morose et de cet avenir incertain qu’on semble chercher à oublier en s’occupant l’esprit constamment, notamment en faisant la fête.

« Oyé ! Festoyons mes chers… »
Je n’ai rien contre l’art festif et/ou populaire(-iste ?), mais n’aurait-il pas pris une orientation trop consumériste ? On nous prémâche à longueur de journée à la radio et à la TV des musiques et des paroles compressées et formatées dont le niveau d’écriture dépasse rarement le CE2. Je vous invite à lire le lien en bas de page d’une étude américaine à ce sujet (lien 1), et en voyant le Top 50 Français, on est sûrement proche du même constat.

Ailleurs, on entasse le public-bétail dans des stades en poussant les Watts sur scène au point que chacun doive se boucher les oreilles. Vous avez dit absurde ? (lien 2)

D’autres nous pousse à devenir des entrepreneurs culturels nous vantant qu’au fond « un entrepreneur c’est un créatif ! » -dixit Aurélie Fillippetti, ex-ministre de la Culture- alors qu’à l’inverse un créatif entreprendra toujours pour diffuser sa création. (lien 3)

Je l’ai déjà dit plus haut, à ceux là je laisse ma place. La Culture est ailleurs.

La France est debout !
Se rencontrer, on est en plein dedans en ce moment pourtant. Des milliers de personnes se regroupent sur les places de France depuis fin mars pour discuter, échanger, ré-inventer la citoyenneté et la politique. Nombreux musiciens, acteurs, danseurs, peintres et autres créateurs amateurs ou professionnels fréquentent les « Nuit debout ». À certains endroits des commissions Culture ou Animation voient le jour pour faire vivre l’espace public occupé. Mais où est la Culture avec un grand C, celle qui fait plus de bruit que les indépendants, qu’on voit dans les Centre Nationaux, les Musées, les Festivals… ? Elle semble frileuse à s’impliquer. (lien 4)

Pourtant ne sont-ils pas touchés ces festivals qui mettent clé sous la porte, ces troupes de théâtre qui perdent leurs subventions, et autres… à grands coups de coupes budgétaires ? (liens 5 et 6)

Mince alors, l’acceptation résignée nous aurait-elle aussi touchée ?

1, 2, 3, 4 !
Je suis un éternel optimiste. Réaliste mais optimiste. Les initiatives ne manquent pas pour essayer de construire Demain. Et c’est dans ce sens que je continuerai du mieux que je le peux à vous lancer des perches et à vous faire voir la vie d’un autre œil. Faites un petit effort, si chacun y met du sien c’est quand même plus sympa.

Music-amicalement